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Musique au musée

L’un après l’autre, les musiciens se mettent en place. L’un après l’autre, les écrans s’allument.

Chacun dans son coin à lui, dans cette magnifique maison du 18e siècle. L’une dans son boudoir face à la fenêtre et au paysage de campagne (Kristín Anna Valtýsdóttir). L’autre dans sa bibliothèque. Un pianiste pivot (Kjaartan Sevinsson, ancien musicien de Sigur Ros) au milieu du grand salon, et l’artiste Ragnar dans son bain.

Ils sont huit musiciens en tout. Huit musiciens et un groupe de techniciens et amis sur un 9e écran qui attendent à l’extérieur au son des criquets.

Vous vous promenez d’un écran à l’autre pour assister à tout ce qui s’amorce et s’enchaîne, mais bien vite vous avez envie de vous installer dans un coin de la salle et de vous laisser porter par le spectacle. Car c’en est un. Pendant plus d’une heure, ils jouent ensemble une même pièce avec une mélodie-leitmotiv entrecoupée de phases doucement improvisées (même si tout est visiblement bien structuré). Pendant plus d’une heure, ils joignent leurs voix (voix humaine, violoncelle (Gyða Valtýsdóttir), piano, guitares, basse, batterie, accordéon, harmonica, banjo) sans jamais se perdre, toujours en harmonie, même si chacun vient y apporter ses propres variations.

Et vous vous laissez envahir par la douce mélodie quasi hypnotique. I fall into… Vous assistez à ce moment privilégié où chaque artiste est à la fois connecté à lui-même, son émotion, son instinct, et entièrement connecté aux autres et à la musique.

L’environnement, ce manoir lumineux au charme désuet, ajoute à l’impression d’être plongé un peu hors du temps.

Et bientôt tous se rassemblent et poursuivent joyeusement leur route pour se perdre dans l’horizon et l’infini de la musique.

Et derrière eux, les techniciens éteignent, un à un, les écrans.

The Visitors, Ragnar Kjartansson
MACM

Les Aztèques au musée

Il est bon parfois de se rappeler qu’on n’a pas inventé le bouton à quatre trous. Je suis retournée voir l’exposition des Aztèques à Pointe-à-Callière qui nous plonge dans cet univers mexicain d’avant la conquête espagnole.

Templo Mayor

Bâti sur le site actuel de Mexico, le Templo Mayor est au coeur de la cité aztèque Tenochtitlan. Un musée archéologique s’élève actuellement au-dessus des ruines de ce temple et ils ont prêté une partie de leur collection au musée Pointe-à-Callière.  De nombreux objets d’art (sculptures, bijoux, poteries, masques) font partie de l’exposition. Certaines sculptures sont immenses et franchement impressionnantes.

Sacrifices

La mort est très présente dans leur culture et paraît un peu macabre à notre civilisation occidentale aseptisée, mais elle n’était rien d’autre qu’une facette complémentaire de la vie, comme le sont le yin et le yang chez les Orientaux. La nuit n’existe pas sans le jour, le soleil sans la pluie, la vie sans la mort.

Pour cette raison, les Aztèques pratiquaient le sacrifice humain quotidien. Pour beaucoup de sacrifiés, cette mort était enviable. Tant qu’à mourir de quequ’chose, se disaient-ils… Bon, moi, je préférerais passer mon tour, personnellement, mais pour eux, se faire arracher le coeur et le donner aux dieux, c’était permettre à la vie de suivre son cours, donner son sang pour repousser la fin du monde et vivre comblé pour l’éternité.

Ça a bien fonctionné jusqu’à l’arrivée des Espagnols.

Chinampas

Ce peuple était franchement ingénieux et la civilisation aztèque n’avait rien à envier aux peuples européens dans bien des domaines : éducation, ingénierie, agriculture, arts. Si leurs débuts à Tenochtlitlan, une île entourée d’un marais, ont été difficiles, ils se sont vite adaptés à leur environnement, construisant des temples et une ville entière sur pilotis, érigeant des digues et des canaux pour faire descendre l’eau des montagnes, et créant un système agraire très efficace. Les chinampas étaient des îlots artificiels construits à l’aide de pilotis et de fonds de roseaux tressés sur lesquels on plaçait des couches de sédiments des marais. Sur ce sol riche, on pouvait obtenir jusqu’à 7 récoltes de légumes, de maïs et de fleurs par année. Ce système existe toujours sur le site de Xochimilco mis en valeur et protégé par l’UNESCO.

Écriture

Les Aztèques possédaient leur propre système d’écriture, sous forme de pictogrammes et d’idéogrammes. Si beaucoup des codex (livres de cette époque) ont été détruits par les Espagnols, on en a retrouvé suffisamment pour pouvoir en apprendre davantage sur cette culture, ses moeurs et ses légendes. Plusieurs codex font partie de l’exposition.

Cortés

À l’arrivée des Espagnols, au XVIe siècle, la ville comptait environ 200 000 habitants, plus que la plupart des villes européennes de l’époque. Les Européens seront à la fois fascinés par la civilisation aztèque et horrifiés par certaines pratiques, mais surtout attirés par leur or. Malgré leur infériorité en nombre de soldats, les armées d’Hernan Cortés anéantiront la civilisation aztèque et détruiront Templo Mayor, aidées par leurs armes, par la petite vérole, les superstitions aztèques (qui craignaient la fin du 5e soleil et prenaient les Espagnols pour des dieux) et par les peuples conquis environnants, révoltés contre le pouvoir aztèque tout-puissant.